Témoignage de Horst Fussholler sur le camp 189
( Traduction Hubert Dekkers Mai 2012)Hourtin-Plage (140 à 142)
Le premier février nous offrait la dernière gelée .
Le mercredi 15 février nous réservait une surprise: celui, qui avait encore faim, pouvait réclamer un supplément. A partir de ce jour les prisonniers du déminage eurent droit à une ration de 3000 calories /jour/personne.
En plus : ce jour-là je recevais 10 lettres de courrier.
Le dimanche 9 février a eu lieu la première compétition sportive.
Le concours se disputait entre les équipes de foot (rapidement composées) des camps d’ Hourtin-Plage et du Pin sec .Nous avons gagné par 4 buts à 3.
L’organisation des loisirs commençait à prendre des formes professionnelles.
Ainsi l’événement du 16 février fut un exploit remarquable. Une pièce de théâtre nommée « les disciples d’Orphée et le Rossignol » fut mise en scène.
Le lendemain était également jour de fête: c’était en quelque sorte lundi gras (carnaval NDT).
Le dernier jour de février a été pour moi également mémorable. Ce n’était pas la première fois que YMCA (Young Men’s Christian Association) s’intéressait à nous, prisonniers. Elle nous apportait de la lecture, dans le camp cette fois-ci. Ainsi je recevais un livre intitulé « Grammaire française », bienvenue pour mon apprentissage en autodidacte (voir Annexe 3 – S ) .
Le 1er mars approchait et c’est le jour où nous finissions le déminage du terrain H2.
Le mois de mars m’apportait 5 lettres de ma famille et pour la première fois un journal .
Ce mois-là, il y eut en plus 2 manifestations pour nous distraire : un
« match de foot rigolo » le 2 mars, et une comédie musicale le dimanche 16.
Le mardi 18 mars il y avait juste deux ans que j’étais fait prisonnier de guerre, mais toujours pas d’espoir de libération.
Avec les petits salaires reçus en paiements avec en complément la vente de tabac, je m’étais mis de côté une petite somme de 2000 francs; mais ( je ne pouvais pas trop m’en servir NDT) : ce qui nous était proposé à la cantine était plus que misérable.
Par ailleurs nous nous étions procurés un poste de radio dans le camp. Nous avions tous regroupé l’argent pour cela. Puisque des signes semblaient annoncer que notre camp serait liquidé sous peu , nous décidions de faire don de ce poste à YMCA .Nous désirions que des réfugiés puissent en profiter. Nous avions raison. Le lundi 10 de ce mois le groupe N° 6 se mettait en marche vers Soulac-sur-Mer et le groupe N° 10 vers Le-Verdon-sur-Mer à l’embouchure de la Gironde .
Le mercredi 19 mars 1947 les activités de déminage autour du camp « Hourtin Plage » étaient déclarées finies .11.500.000 M2 de terrain étaient déminés.
Dans cette période 40.140 mines étaient soulevées et désamorcées.
Il faut savoir, que notre camp n’était pas le seul en action pour le déminage dans l’ancien cordon de Bordeaux.
Il y en avait 6 autres, dont «Le Pin sec » que j’ai déjà signalé.
Ces 7 camps de déminage ont pu en tout avoir déterré facilement environ
300.000 mines.
Combien de centaines de milliers de mines ont-elles été placées ici pendant la guerre? Et oh combien s’étaient déclenchées automatiquement?
Nous étions sûrs d’une chose : là où nous avions fouillés chaque mètre pendant des jours, des semaines ou des mois, et en plus piétiné, en notre âme et conscience un nouveau lieu de loisirs pouvait renaître.
2 jours après, le jeudi 20 mars , nous quittions Hourtin Plage en direction St-Perdon.
A la fin de Hourtin
Les destins de 3 camarades qui comptaient également parmi mes amis :
-Wilhelm Bornemann ( de Usingen ) . Il était d’abord soldat sur la base aérienne Stavanger /Norvège avant de venir sur un vieux cargo vers Bremen ( Brème) en passant par Mandal.
A Bremen il était confié aux Américains. Il partait de là-bas par train verrouillé vers Frankfurt.
Par camion vers Bretzenheim ( dans un camp français); on lui confisquait la montre, il restait 8 jours presque sans manger seulement des « haricots blancs secs ».
Ensuite transport vers Le Mans en wagons à ciel ouvert. L’eau était versée d’en haut par les réservoirs de remplissage des locomotives .
A ce moment, 200 grammes de pain par jour étaient distribués. De Bordeaux le voyage continuait vers Bayonne-Beyris etc .
-Kurt Sonnenberg ( de Staufen ). Soldat d’une escadre de reconnaissance. Il était d’abord dans un camp près de Heilbronn .Dans le camp les soldats étaient informés qu’ils seraient transportés, pour la
reconstruction de la France, vers le grand camp ‘La-Flèche » (40 kilomètres au sud-ouest du Mans) .
A Heilbronn on avait lancé une présélection en fonction des aptitudes professionnelles.
De La-Flèche Kurt était parti, avec 30.000 à 40.000 autres prisonniers vers POLO , Lacanau et vers Hourtin Plage .
Il s’est retrouvé donc dans un camp de déminage.
-Franklin Volk , est devenu prisonnier de guerre sous contrôle des Américains près de Remagen .
En passant par Le-Mans vers le camp Bayonne –Beyris ( voir 189). Il était avec moi dans le camp GOLF (Polo Golf NDT)
A partir de juin 1946 il est à St-Médard-en-Jalles .
Il s’enfuit en novembre 1946 pendant des travaux dans les bois .
Repris après 10 jours de fuite, il était transféré vers le camp Bayonne en tant que détenu .
Puis à partir de la mi-décembre 1946 vers le Sud de la France vers le camp de Castres dans de Tarn.
Il améliorait ses conditions de vie en faisant des peintures (de portraits ? NDT) des officiers français
Il fut relaxé en octobre 1947 et retournait, par le camp de passage Eisenach/Thüringen, vers le camp de transfert de Glöweb / Westpriegnitz .
Il est rentré à Berlin-Est le 19 octobre 1947 ( décédé en 1993 , il était professeur à Saarbrücken )
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